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plus d’habits rouges dans la galerie de Versailles[1].

La reine, pendant les années qui s’écoulèrent depuis 1775 jusqu’en 1781, se trouvait à l’époque de sa vie où elle se livra le plus aux plaisirs qui lui étaient offerts de toutes parts. Il y avait souvent, dans les petits voyages de Choisy, spectacle deux fois dans une même journée : grand opéra, comédie française ou italienne à l’heure ordinaire, et à onze heures du soir on rentrait dans la salle de spectacle, pour assister à des représentations de parodies où les premiers acteurs de l’Opéra se montraient dans les rôles et sous les costumes les plus bizarres. La célèbre danseuse Guimard était toujours chargée des premiers rôles ; elle jouait moins bien qu’elle ne dansait ; sa maigreur extrême et sa petite voix rauque ajoutaient encore au genre burlesque dans les rôles parodiés d’Ernelinde et d’Iphigénie.

La fête la plus noble et la plus galante qui ait été donnée à la reine, fut celle que Monsieur, frère du roi, lui avait préparée à Brunoy. Ce prince m’a-

  1. « La reine demanda dernièrement à M. de Saint-Germain : « Que voulez-vous faire des quarante-quatre gendarmes et des quarante-quatre chevau-légers que vous conservez ? C’est apparemment pour escorter le roi aux lits de justice. — Non, Madame, c’est pour l’accompagner lorsqu’on chantera des Te Deum. » Il faut savoir que la reine en aurait aimé la suppression totale, et que le roi fût gardé à Versailles, comme le sont l’impératrice sa mère et l’empereur à Vienne, et cela eût été simple et bon. » (Correspondance secrète de la cour : Règne de Louis XVI)
    (Note de l’édit.)