Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dis que ce qui tenait à la France avait seul le droit de l’intéresser. Elle refusa une demande aussi gauchement faite, en ordonnant à M. Campan de répondre qu’on n’entrerait pas à Trianon pendant quelque temps, et que la reine était étonnée qu’un homme de bonne compagnie pût croire qu’elle fit une chose aussi déplacée que de changer les noms français de ses palais pour en substituer d’étrangers.

Avant le premier voyage de l’empereur Joseph II en France, la reine reçut, en 1775, la visite de l’archiduc Maximilien. Une prétention déplacée de la part des personnes qui conseillaient ce prince, ou plutôt une gaucherie de l’ambassadeur, appuyée auprès de la reine par l’abbé Vermond, fit, à cette époque, naître une discussion dont les princes du sang et les grands du royaume surent généralement mauvais gré à la reine. Voyageant incognito, le jeune prince prétendit ne pas devoir la première visite aux princes du sang, et la reine soutint sa prétention[1].

  1. On fit commettre à la cour deux fautes de ce genre : l’une à l’époque du mariage de la dauphine, l’autre dans la circonstance dont parle ici madame Campan. Ces questions de préséance, imprudemment agitées et qui indisposèrent la haute noblesse, donnèrent lieu à des débats, fournirent des anecdotes, firent naître des bons mots et des vers épigrammatiques dont Grimm rapporte une partie dans sa Correspondance, et qu’on trouvera dans les éclaircissemens (lettre K).
    (Note de l’édit.)