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ne lui avait répondu que par un haussement d’épaules. Il prit alors le parti d’écrire à Louis XVI, et lui manda qu’il devait son état à la cour uniquement à la confiance dont le feu roi l’avait honoré ; et que les habitudes contractées pendant l’éducation de la reine, le plaçant sans cesse dans son intérieur le plus intime, il ne pouvait jouir de l’honneur de rester auprès de Sa Majesté, sans en avoir obtenu le consentement du roi. Louis XVI lui renvoya sa lettre après y avoir écrit ces mots : Je consens à ce que l’abbé de Vermond continue ses fonctions auprès de la reine.

Quoique Louis XVI, à l’époque de la mort de son aïeul, n’eût pas encore joui des droits d’époux, il commençait à être fort attaché à la reine. Les premiers temps d’un deuil si imposant ne permettant pas de prendre le délassement de la chasse, il lui proposa des promenades dans les jardins de Choisy : ils sortirent maritalement, le jeune monarque donnant le bras à la reine, accompagnés d’une suite peu nombreuse. L’influence de l’exemple sur l’esprit des courtisans produisit un si grand effet, qu’on eut le plaisir de voir, dès le lendemain, plusieurs époux très-anciennement désunis, et pour de bonnes raisons, se promener sur la terrasse avec cette même intimité conjugale. Ils passaient ainsi des heures entières, bravant par flatterie l’insupportable ennui de leurs longs tête-à-tête.

Le dévouement de Mesdames pour le roi leur père, pendant son affreuse maladie, avait produit