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verse en criant de toutes ses forces : Au secours ! Mon beau-père le releva, lui fit entendre sa voix, et lui enjoignit le plus profond silence sur ce qu’il avait vu. Cependant il crut devoir prévenir la dauphine de ce qui était arrivé ; elle craignit que quelque autre événement de la même nature ne fît découvrir ces amusemens : ils furent abandonnés.

Cette princesse s’occupait beaucoup, dans son intérieur, de l’étude de la musique et de celle des rôles de comédie qu’elle avait à apprendre ; ce dernier exercice avait eu au moins l’avantage de former sa mémoire et de lui rendre la langue française encore plus familière.

L’abbé de Vermond venait chez elle tous les jours, mais évitait de prendre le ton imposant d’un instituteur, et ne voulait pas même, comme lecteur, conseiller l’utile lecture de l’histoire. Je crois qu’il n’en a pas lu un seul volume, dans toute sa vie, à son auguste élève ; aussi n’a-t-il jamais existé de princesse qui eût un éloignement plus marqué pour toutes les lectures sérieuses.

Tant que dura le règne de Louis XV, les ennemis de Marie-Antoinette n’essayèrent pas de changer l’opinion publique sur son compte. Elle était toujours l’objet des vœux et de l’amour des Français en général, et particulièrement des habitans de Paris qui, privés de la posséder dans leur ville, venaient successivement à Versailles, la plupart attirés par le seul désir de la voir. Les courtisans ne partageaient pas entièrement cet enthousiasme vrai-