Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.

On la reçut à Versailles dans un appartement du rez-de-chaussée, au-dessous de celui de la feue reine, qui ne fut prêt que six mois après le jour de son mariage.

Madame la dauphine, alors âgée de quinze ans, éclatante de fraîcheur, parut mieux que belle à tous les yeux. Sa démarche tenait à la fois du maintien imposant des princesses de sa maison, et des grâces françaises ; ses yeux étaient doux, son sourire aimable. Lorsqu’elle se rendait à la chapelle, dès les premiers pas qu’elle avait faits dans la longue galerie, elle avait découvert, jusqu’à l’extrémité de cette pièce, les personnes qu’elle devait saluer avec les égards dus au rang, celles à qui elle accorderait une inclination de tête, celles enfin qui devaient se contenter d’un sourire, en lisant dans ses yeux un sentiment de bienveillance fait pour consoler de n’avoir pas de droits aux honneurs.

Louis XV fut enchanté de la jeune dauphine ; il n’était question que de ses grâces, de sa vivacité et de la justesse de ses reparties. Elle obtint encore plus de succès auprès de la famille royale, lorsqu’on la vit dépouillée de tout l’éclat des diamans dont elle avait été ornée pendant les premiers jours de son mariage. Vêtue d’une légère robe de gaze ou de taffetas, on la comparait à la Vénus de Médicis, à l’Atalante des jardins de Marly. Les poëtes célébrèrent ses charmes, les peintres voulurent rendre ses traits. Il y en eut un dont l’idée ingénieuse fut récompensée par Louis XV. Il avait imaginé de