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LES BELLINI.

supplée agréablement aux lacunes de la documentation.

Chose curieuse, cette faculté bellinesque de « pourtraire » une ville, dont hérita Carpaccio, survécut aux pires décadences de l’école vénitienne et se reflète, jusqu’au xviiie siècle dans les œuvres de Guardi et de Canaletto.

La deuxième toile destinée à la décoration de la Scuola di San Giovanni Evangelista, datée de 1500, devait être placée en pleine lumière, sur le mur en face des fenêtre » (p. 53). C’est, essentiellement, la vue d’un canal vénitien bordé de palais. Le quai et le pont, au deuxième plan, sont encombrés d’une foule compacte. Mais l’action occupe ici une place plus importante. Elle se rapporte à un deuxième miracle attribué à la précieuse relique.

Le jour de la Saint-Laurent, alors que les « frères » transportaient la Sainte-Croix à l’église San Lorenzo, un tel concours de peuple se pressa sur leur parcours qu’une bousculade se produisit. Le cortège se trouvait précisément sur le pont, devant l’entrée de l’église, et le reliquaire tomba dans le canal. Plusieurs prêtres, plusieurs bourgeois plongèrent vainement sans parvenir à le repêcher, mais lorsque Andréa Vendramin, guardian de la Scuola, se jeta à l’eau, la croix flotta à sa rencontre et vint se placer a portée de la main. En mémoire de cet événement, la confrérie accomplit depuis lors, tous les ans, un pèlerinage à San Lorenzo.

Cette légende devait tenir particulièrement à cœur aux frères qu’elle désignait comme les dépositaires élus de la précieuse relique. L’emplacement d’honneur de l’antisala