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LES BELLINI.

le loisir de s’effectuer au cours du séjour que Jacopo fit, avec ses deux fils, à Padoue avant 1460. D’après un témoignage du xvie siècle, ils y peignirent un tableau d’autel dans une chapelle du Santo. Quelques années plus tard, Jacopo et Squarcione se rencontrèrent de nouveau à Venise, où ils collaborèrent à la décoration de la Scuola di San Marco (1436).

C’est l’époque la plus active de la vie du maître vénitien. Les deux grandes corporations se disputent ses services. Pour la Scuola di San Giovanni Evangelista, il peint, sans doute en collaboration avec ses fils, une Pietà et dix-huit telleri, tableaux sur toile, relatifs à la vie de la Vierge, depuis la Natavité de Marie jusqu’à l’Assomption. Pour la Scuola di San Marco, il brosse cinq toiles, dont une Crucifixion et une Vue de Jérusalem.

Du premier cycle, il ne reste que le Mariage de la Vierge et l’Adoration des Mages (actuellement en Amérique), d’une authenticité douteuse, et qui ne peuvent être, en tous cas, qu’un travail d’école ; le deuxième a été entièrement détruit par un incendie, en 1485.

Une fatalité semble s’être attachée aux grandes compositions de Jacopo. Seuls, les livres d’esquisses, où la plupart de ces sujets sont traités, peuvent nous faire apprécier ce que nous avons perdu. Cette injustice du sort ajoute un nouvel intérêt à la figure du grand initiateur, au génie duquel la peinture vénitienne, si insignifiante au début du siècle, doit d’avoir atteint la situation éminente qu’elle occupait le 26 août 1470.