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LES BELLINI.

Peu après que Venise eut annexé Padoue (1405) il se développa, dans ce centre universitaire, une nouvelle école de peinture, presque exclusivement orientée vers le culte de l’antique. Suivant la tradition, Francesco Squarcione (1394-1474) aurait rapporté, d’un voyage en Grèce, une riche collection de statues, de bas-reliefs et d’ornements dont l’étude absorbait entièrement l’activité de ses élèves. Les deux œuvres signées par lui suffisent pourtant à peine à justifier son titre de chef d’école. Ses principaux disciples, Ansuino, Bono, Zoppo, Schiavone, ne paraissent guère plus heureux. Ils sont paralysés par l’imitation servile de l’antique et de l’ornementation surchargée de la décadence romaine, et songent plus à faire valoir leur érudition qu’à pénétrer l’esprit des sujets qu’ils traitent. — Schiavone n’a-t-il pas tracé les initiales S. P. Q. R. sur le trône de la Vierge ? — Leur technique est dure et ligneuse, à force de précision. Ils poussent le souci du style jusqu’à découper leurs collines en gradins. La chevelure est traitée comme une draperie, et la draperie adhère artificiellement au corps, par crainte de voiler l’anatomie noueuse. Le procédé à la détrempe s’empâte afin de donner un contour plus précis. Le coloris terne se maintient dans une gamme brunâtre pour ne pas faire tort au dessin.

Comment le génie puissant et dramatique de Mantegna s’est-il dégagé de cet académisme pédant ? On a parlé de Donatello, qui séjourna à Padoue, vers le milieu du siècle (1444-1453), et y sculpta la statue équestre du Gattamelata et le maître-autel du Santo. Le peintre lui doit sans doute la