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LES BELLINI.

(Saint-Marc) dont l’architecture dérive, sans doute, de Jacopo, mais dont les personnages sont certainement inspirés par Andréa del Castagno. Peut-être même le doyen du réalisme florentin y a-t-il mis la main.

Cette même année marque la fin d’une féconde période de collaboration entre Antonio Vivarini, fondateur de l’école de Murano et Giovanni d’Alemania (1440-1449). La Vierge, actuellement à l’Académie de Venise, témoigne de la perfection et de la noblesse de leur œuvre commune. Venise est devenue, grâce à leurs tableaux d’autel, une succursale de Cologne : même richesse d’ornements, même profusion de feuillages, de fleurs et de fruits, même gravité dans les personnages, un peu raide, mais sobre et vigoureuse.

C’est enfin l’époque où les rapports entre Jacopo et Andréa Mantegna, clairement révélés par les fresques des Eremitani, s’affirment, se resserrent. Le cycle de Saint-Jacques, dans lequel se trouve reproduite l’inscription latine mentionnée plus haut, fut terminé en 1452, et, en 1453, la Scuola di San Giovanni Evangelista présente à Jacopo la somme de vingt ducats, « comme contribution au douaire de sa fille Niccolosia » qui épousait Mantegna.

Ni les Flandres, ni Florence n’ont exercé, à cette époque, une action profonde sur l’histoire de la peinture vénitienne. L’ait germano-vénitien des Vivarini n’est pas sorti de leur école et ne s’est encore appliqué qu’aux tableaux d’église.

Il n’en est pas de même de Mantegna. Son association avec la famille Bellini fut lourde de conséquences, pour lui d’abord, pour elle ensuite.