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LES BELLINI.

Les Bacchanales et les allégories payennes sont en minorité ; elles apparaissent davantage comme une concession au goût de l’époque que comme une brillante innovation. La Bible et la Légende Dorée suffisaient amplement à alimenter l’imagination fertile du père de l’école vénitienne.

On ne saurait, en effet, exagérer l’action exercée par Jacopo sur l’art du xve siècle, non seulement à Venise, mais encore à Padoue. Elle apparaît clairement à l’examen de ces deux livres d’esquisses.

Mantegna leur doit, en grande partie, l’architecture, le paysage et l’ensemble de la composition de ses fresques des Eremitani. Cette influence est rendue encore plus évidente par quelques concordances de détail : la présence, dans ces fresques, d’un personnage en costume oriental identique à celui qui occupe l’avant-plan de l’Intérieur d’hôpital (Louvre, n° 73) ; l’inscription latine, figurant sur le Monument antique (Louvre, n° 43), reproduite dans le Jugement de saint Jacques, etc…

L’étude des dessins de Jacopo donne également la clef des grands tableaux de Gentile Bellini relatifs aux Miracles de la Sainte-Croix (notamment l’architecture et la composition de l’épisode contant la guérison de Pietro di Lodovico) ; tandis que Giovanni doit clairement à son père le Saint Georges de la prédelle du retable de Pesaro (voir Louvre n° 93 ; et certaines de ses Allégories (comparez La Paresse et la Persévérance avec le dessin du Louvre, n° 35). Quant à Carpaccio, tout le projet de son œuvre narrative — Saint Georges, Saint Jérôme, la Légende