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LES BELLINI.

dans la Crucifixion, perché sur un arbre, dans plusieurs autres épisodes de la vie du Christ. On trouve, dans le livre du British, un projet de statue équestre qui pourrait fort bien se rapporter au monument que Borso d’Este fit ériger, en 1451. en l’honneur de son père Nicolas (mort en 1441). D’autre part, plusieurs dessins de tombeaux attribués à Jacbpo, dans la collection His de la Salle, au Louvre, semblent concerner le même projet. Enfin, ce qui est plus important, toutes les scènes de genre reproduites maintes fois, dans l’un et l’autre recueil, sont empruntées à la vie d’une cour seigneuriale située à l’intérieur du pays, tandis que rien, ou presque rien, ne suggère la splendeur austère de Venise, le calme de ses canaux et l’activité de son port.

Jacopo se montre, dans ses dessins, le digne élève de Gentile da Fabriano, le digne émule de Pisanello. Il rompt définitivement avec le hiératisme byzantin et se lance à corps perdu dans le nouveau champ d’exploration qui s’ouvre devant lui. Il découvre la vie : La cour d’abord, dans laquelle il se trouve, et le tohu-bohu de ses équipages, ses processions de seigneurs et de dames, ses pages élégants, sa valetaille empressée, ses bouffons et ses bateleurs. Puis les champs et leurs cultures symétriques, les paysans courbés sous leur fardeau, les montagnes et leurs rochers dénudés, parmi lesquels s’évertuent les chasseurs. Les animaux aussi, les lourds chevaux de guerre, les légers lévriers, les léopards doucereux, les singes grimaçants, les perroquets criards. L’architecture enfin, cultivée pour elle-même,