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LES BELLINI.

splendeur. Nicolas venait d’étendre son autorité sur Ferrare, Modène, Parme et Reggio. Il s’était acquis une grande réputation de condottiere, comme capitaine des armées de l’Église, et sa cour était devenue, après celle de Rimini, le principal foyer de l’humanisme dans le nord de l’Italie. Jacopo y rencontra Pisanello, alors au faîte de sa gloire, et se mesura avec lui dans un tournoi pictural célébré dans un sonnet du poète Ulisse Alleotti.

Le sujet de ce concours était le portrait du jeune Lionel d’Este. Nicolas décerna le prix à Jacopo, « Summus pictor », « nouveau Phidias donné par le ciel à notre époque aveugle », etc… Nous n’avons pas les moyens de continuer ce jugement, car si l’œuvre de Pisanello est parvenue jusqu’à nous (Académie de Bergame), celle de son heureux rival a disparu. À en juger d’après un dessin du recueil du Louvre (no 20 de l’édition Goloubev, p. 9), ce devait être une tête de profil d’une technique très semblable à celle du portrait de Pisanello.

De cette époque datent les deux livres d’esquisses de Jacopo, renfermant ensemble une centaine de dessins à la pointe d’argent, actuellement au Louvre et au British Muséum. C’est la seule base que nous possédions pour apprécier le génie du maître, ses trois peintures signées ne pouvant fournir une idée exacte de son œuvre, mais elle suffit amplement pour justifier la situation éminente que lui accordaient ses contemporains.

Le recueil acquis, en 1815, par le British Muséum, porte en première page : « De la main de messer " Jacopo