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LES BELLINI.

premiers peintres de valeur, et le destin voulut que ce fussent les Bellini.

Il pourrait ajouter qu’à l’aurore du xve siècle, Venise est d’autant mieux disposée à abandonner la tradition byzantine et à subir l’influence de l’art continental que, pour la première fois dans le cours de son histoire, elle se trouve entraînée à abandonner sa politique exclusivement coloniale pour s’agrandir vers l’intérieur et assurer, de ce côté, la liberté de ses routes commerciales, menacée par les princes alliés de Gênes. À la mort de Jean Galéas Visconti (1402), elle se venge de l’hostilité de la maison des Carrara en annexant Padoue, Trévise, Bassano, Vicence et Vérone — Vérone où peignait, à cette époque, Pisanello, où allait peindre, dans quelques années, Stefano da Zevio.

L’individualiste, méprisant ces contingences, objecterait, sans doute, que, si les Bellini ne s’étaient trouvés là, au moment opportun, nous n’aurions pas songé à mettre si bien en relief son opportunité. Il est une autre famille de peintres vénitiens, contemporains des Bellini, qui, au point de vue de la perfection technique, peuvent rivaliser avec ces derniers et qui subissent, de 1430 à 1513, les mêmes influences. Antonio, le père, collabore avec un artiste allemand Giovanni d’Alemania (sans doute de l’école de Cologne) ; Bartolommeo, son frère cadet, adopte à merveille les procédés de l’école squarcionesque ; Alvise, fils d’Antonio, est le premier disciple que fit, à Venise, Antonello de Messine. Tous trois font preuve d’un style et d’une virtuosité déconcertants. Mais que serait devenue la