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LES BELLINI.

une colonie byzantine jusqu’au début du xve siècle. La mosaïque y règne si exclusivement que la peinture — surtout la fresque — ne peut s’y développer. D’ailleurs, l’air humide de la lagune lui serait fatal.

Dans les statuts des guildes vénitiennes de 1212, les peintres sont considérés comme de simples artisans décorant les armes, les meubles, les cassone, etc… Les anconae, ou tableaux d’autel « représentant la Vierge et les saints », n’apparaissent qu’à la fin de la liste des ouvrages qui leur sont assignés. La division du travail était poussée si loin que le peintre n’avait pas toujours le droit de mettre le fond d’or à son propre tableau. C’est ce qui ressort d’une sentence rendue, à cette époque, par les juges du Rialto.

Ces diverses considérations peuvent justifier, jusqu’à un certain point, le retard considérable subi par l’école vénitienne dans le développement de la peinture italienne. La rapidité avec laquelle cette école parvient à regagner le temps perdu et à conquérir la situation éminente quelle occupe, dès la fin du xv’" siècle, s’explique moins aisément.


III

LES BELLINI.

Chaque fois que, dans l’évolution sociale, intellectuelle ou artistique, une transformation aussi rapide se produit, la même question se pose : Sont-ce les circonstances qui