lequel des deux artistes a dominé l’autre. Ils se sont tous deux inspirés d’une esquisse de Jacopo (recueil de Londres), leur maître commun.
Ces réserves une fois faites, on peut à loisir épiloguer sur les draperies squarcionesques de la Transfiguration (musée Correr), sur les soldats romains, à l’arrière-plan de la Crucifixion (musée Correr) et sur les bas-reliefs antiques, ornant la balustrade, dans le Sang du Rédempteur (National Gallery, p. 77). Giovanni possède pourtant quelques traits personnels. Dans la Pie ta du musée Correr et dans la figure du Christ, dans le Sang du Rédempteur, son anatomie diffère nettement de celle de Mantegna. Il évite, autant qu’il le peut, toute sécheresse et s’efforce d’envelopper les contours de la musculature. Mais c’est dans, le paysage que l’originalité du jeune peintre se révèle avec le plus d’éclat. D’après les livres d’esquisses, Jacopo lui-même n’a jamais développé avec autant de bonheur les vastes horizons bordés de collines que des routes blanches contournent de leurs lacets. Ces fonds, qui équivalent à une signature, se retrouvent dans chacune des compositions que nous venons de citer et dans la Madone de Newport. Parfois l’éclairage contribue encore à accentuer l’atmosphère de ces paysages et à les harmoniser avec la scène qui se déroule à l’avant-plan. Voyez, par exemple, l’aube tragique et rougeoyante qui éclaire le village, sur la colline de gauche, dans le Christ au jardin, et l’aube calme et apaisante, comme un espoir, qui pointe à l’horizon dans le Sang du Rédempteur.