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Le pivot géographique de l’histoire, par H.-J. Mackinder[1]. — On tente de faire une part d’influence de plus en plus grande aux phénomènes géographiques dans la détermination de l’évolution historique. Les efforts faits dans ce sens, dans un esprit que n’obsède pas un matérialisme étroit, sont trop précieux pour que nous ne nous fassions pas un devoir d’en rendre compte à nos lecteurs.

L’auteur commence par faire ressortir l’importance de l’époque à laquelle nous vivons au point de vue de la géographie sociale. Nous sommes à l’issue de la « période Colombienne » (1500-1900), durant laquelle les limites de la carte du monde civilisé ont été reculées jusqu’à se confondre avec celles d’un planisphère. Avant cette période de découverte, la vie des peuples se mouvait dans un milieu restreint et la répercussion des grands événements de l’histoire allait s’éteindre dans le monde barbare et inconnu qui le limitait de toutes parts. Après elle, l’histoire se développera de nouveau dans un cercle fermé, mais ce sera celui du monde même, et plus aucun événement ne pourra se produire sans éveiller, par toute la terre, un écho puissant. Il semble donc que nous soyons mieux en situation que jamais d’entrevoir les généralisations historiques les plus vastes, à la lueur d’une connaissance complète de la terre, et de dégager, jusqu’à un certain point, l’influence exercée par le milieu terrestre sur les grandes étapes de l’évolution de l’humanité.

Partant de l’idée que c’est de la pression hostile des peuples asiatiques qu’est sortie la civilisation européenne, l’auteur envisage les différents phases de cette action.

Il montre, tout d’abord, comment la Russie, unifiée politiquement aujourd’hui, a été divisée en deux régions bien distinctes pendant

  1. Geographical Journal. Avril 1904. — Étude communiquée à la Société royale de Géographie de Londres, en janvier 1904.