« Près d’un petit feu d’argols dans ce désert qui est entre l’Oural et l’Obi,
« Avec pour spectacle devant lui toute la courbure de la planète…
« … Tout son bagage est le nom de Jésus dans sa bouche, dans son sac un peu de vin et de farine,
« Dans sa main droite la croix, et la pierre de la messe sur sa poitrine.
« … Il va vers toute fumée humaine…
« … Les baptisés camards le regardent, bouche béante,
« Qui part, car il faut partir, quand il se retourne vers eux,
« Tout riant dans le soleil, avec des larmes plein les yeux ! »
Peut-on rendre avec plus d’intensité ses sensations que Claudel ne le fait :
« Le froid matin violet
« Glisse sur les plaines éloignées, teignant chaque ornière de sa magie.
« C’est l’heure où le voyageur, blotti dans sa voiture,
« Se réveille en regardant au dehors, tousse et soupire.
« … Le jour blafard éclaire la boue des chemins,
« Et sous les haies, les feuilles de choux et les fleurs
« Versent sur la terre jaune leur charge de pluie. »
Et quelle évocation puissante que cette « entrée de Josué dans la Terre-Promise :
« Après la longue montée, après les longues étapes dans la neige et dans la nuée,
« Il est comme un homme qui commence à des-