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LE BEAU RÉVEIL

« Et son Fils, quand II naît, se trouve comme chez Lui chez eux.

« Mais pour les Savants et les Rois, c’est une bien autre affaire !

« Il faut, pour en trouver jusqu’à trois, remuer tout la terre.

« Encore est-il que ce ne sont pas les plus illustres ni les plus hauts,

« Mais des espèces de magiciens pittoresques et de petits souverains coloniaux.

« Et ce qu’il leur a fallu pour se mettre en mouvement, ce n’est pas une simple citation,

« C’est une étoile du Ciel même qui dirige l’expédition !

« Quand une étoile, qui est fixe depuis le commencement du monde, se met à bouger,

« Un roi — et je dirai même un savant — quelquefois peut consentir à se déranger !… »

— Il est difficile de citer une page de Claudel où ne détonne, au milieu d’une phrase très fière d’allure, une expression familière. Et il est surprenant de rencontrer si souvent la simplicité chez un poète dont la caractéristique est la magnificence.

Cette simplicité se revêt parfois d’une grâce exquise, comme dans ces jolis versets sur le baptême d’un enfant :

« Ô enfant né sur un sol étranger ! ô petit cœur de rose ! ô petit paquet plus frais qu’un gros bouquet de lilas blanc !

« Il attend pour toi deux vieillards dans la vieille maison natale toute fendue, raccommodée avec des bouts de fer et des crochets,

« Il attend pour ton baptême les trois cloches dans le même clocher qui ont sonné pour ton père, pareilles