Page:Camille Melloy - Le Beau Réveil, 1922.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
LE BEAU RÉVEIL

Élévations sur les Mystères et les Méditations sur l’Évangile de Bossuet, la Divine Comédie, les récits de Sœur Catherine Emmerich. Mais surtout il suivait assidûment les offices à Notre-Dame. La liturgie le captivait. Et la grâce ne le lâcha point. De jour en jour ses objections devenaient plus faibles et l’exigence de Dieu plus implacable. Enfin il céda. Il se confessa, et le jour de Noël 1890, il fit, à Notre-Dame, sa seconde communion. Depuis lors, comme nous le verrons en analysant son œuvre, il fut un chrétien d’une seule pièce, sans peur et sans reproche. « C’est un croyant, — écrit Léon Daudet, son ancien condisciple — c’est un croyant qui ne barguigne pas avec sa croyance. Il a tôt fait de rembarrer les sots et les railleurs, d’une formule rude comme il en trouve sans effort. » Désormais il possède la force et la fierté du chrétien, la joie de croire, le « gaudium de veritate » qui éclate si fréquemment dans ses œuvres lyriques.

Au sortir de Louis-le-Grand, Claudel était entré à l’École des Sciences politiques. Il y prépara le concours du Ministère des Affaires étrangères, qu’il réussit brillamment. Il fut successivement consul général aux États-Unis, en Extrême-Orient (à Fou-Tchéou et à Ti-en-Tsin), à Prague, à Francfort-sur-le-Mein, à Hambourg, d’où la guerre le fit rappeler en 1914. En 1915-16 il fut chargé d’une mission commerciale à Rome, et en décembre 1916 nommé ministre plénipotentiaire au Brésil.

Chose qui peut paraître étrange : Claudel n’est pas un rêveur, c’est un homme doué de sens pratique, un fonctionnaire clairvoyant et exact. Son extérieur n’est pas celui d’un esthète. C’est un homme robuste, qui