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LE BEAU RÉVEIL

simplement faire connaître un peu la pensée et l’art très original de ce chef d’école à qui la foi catholique a inspiré des pages d’une incontestable grandeur. Sans pourtant les nier, j’insiste fort peu sur les défauts : il se trouvera toujours assez de critiques, impartiaux ou malveillants, pour les rechercher et les souligner.

Paul Claudel naquit dans un village de Picardie, le 6 août 1868. « Bien que rattachée des deux côtés à des lignées de croyants qui ont donné plusieurs prêtres à l’Église », sa famille était indifférente et, étant venue se fixer à Paris, devint nettement étrangère aux choses de la Foi[1]. Paul fit pourtant une bonne première communion, mais qui marqua, hélas ! le terme de ses pratiques religieuses. Il fut élevé, — ou plutôt instruit, dit-il, — d’abord par un professeur libre, puis dans des collèges laïcs de province, enfin à Louis-le-Grand. Dès son entrée dans ce lycée, il avait perdu la foi. La lecture de la « Vie de Jésus » de Renan, la philosophie kantienne qu’enseignait alors Burdeau, n’étaient point faites pour l’y ramener. Il vivait d’ailleurs dans l’immoralité, et peu à peu tomba dans un état « de désespoir et d’asphyxie » morale. Or, le jour


    sis des auteurs français du xe au xxe siècle », par l’abbé J. Calvet (de Gigord 1920). Il serait souhaitable qu’on édite à l’usage des classes et du grand public un recueil des plus belles pages catholiques de Jammes, Claudel et Péguy.

  1. Pour les détails biographiques, j’ai utilisé le récit que M. Claudel a fait lui-même de sa conversion aux lecteurs de la Revue de la Jeunesse (octobre 1913), — récit qu’on peut retrouver dans le livre du R. P. Mainage : Les Témoins du Renouveau catholique, — ainsi que l’étude de Julien Laurec (Le Renouveau catholique) et un article de l’Evening Standard du 10 avril 1915.