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LE BEAU RÉVEIL

Et l’on trouve que leur jugement, pour être très sévère, n’est pas absolument injuste.

Mais à ces attaques violentes d’un camp, de lyriques éloges d’un autre camp répondent :

Dans le quatrième volume de ses Souvenirs, intitulé « Salons et Journaux », Léon Daudet, qui connaît bien ses contemporains et ne craint point de saper les renommées les mieux établies, termine ainsi une petite galerie de poètes contemporains : « Mais si la Poésie, abstraction faite de la règle prosodique, consiste à être relié au monde par un réseau plus vrai et plus intime que celui des autres humains, à faire vibrer à l’unisson des cordes éloignées et mystérieusement apparentées, à extraire l’essentiel de la circonstance et l’éternel du transitoire, alors le seul poète, grand, invincible poète de notre temps, c’est Paul Claudel ! »

Et un docte professeur de Sorbonne, Fortunat Strowski, dont les jugements n’ont pas moins de poids, ni moins de justesse que ceux de Pierre Lasserre, dit que, comme le vieux Corneille nous a montré le sublime de la volonté humaine et Victor Hugo le sublime des choses, Claudel nous montre le sublime religieux, le sublime chrétien[1].

De tous ces jugements qui se contredisent plus sou-

    charlatan et blâme l’édition luxueuse des Cinq odes comme une « affirmation presque insolente de l’importance orgueilleuse qu’il attache à ses moindres conceptions ». — M. Lasserre affirme au contraire que P. Claudel est « un caractère probe et noble entre tous, incapable d’affectations publiques et de mises en scène, supérieur à l’emploi des moyens de plaire ».

  1. Fortunat Strowski. La vie catholique dans la France contemporaine : La littérature.