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PAUL CLAUDEL

Il n’est pas, à l’heure présente, de poète à la fois plus attaqué et plus acclamé que Paul Claudel.

Sans lui dénier de très grandes qualités, un critique néo-classique, Pierre Lasserre, lui reproche l’absence de composition, « qui permet au poète de parler de tout à tout moment et de ne s’astreindre à aucun ordre dans la pensée », une « verbosité torrentielle qui ne participe en rien à la puissance classique du développement et de la période », des « obscurités symboliques qui ne semblent donner lieu à tant d’interprétations que parce qu’elles n’en souffrent aucune », des « monceaux d’injures prodigieuses et ininterrompues (!) à la langue, au naturel et au goût »[1].

Léon Bocquet parle, à propos de Claudel, de « littérature artificielle » et de « procédé », de « bruit pieux » et de « solennelle cacophonie »[2].

  1. Pierre Lasserre. Les Chapelles Littéraires : Claudel et le Claudélisme.
  2. Léon Bocquet. La Poésie catholique (dans la Revue Générale d’avril 1915). — La critique de M. Bocquet est trop peu nuancée pour être équitable. Il avoue ne découvrir chez Claudel ni le cri parti du cœur, ni les grands thèmes de poésie, ni les images neuves. M. Lasserre, plus juste, reconnaît dans l’œuvre de ce poète « cyclopéen », comme il l’appelle, « un irrécusable courant de poésie et de génie, d’images neuves et créées, de traits moraux d’une délicatesse exquise, d’inventions dramatiques mal réalisées mais appartenant à l’espèce la plus grande, de sentiment élevé, fier et haut. »
    Ailleurs, M. Bocquet semble prendre P. Claudel pour un