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LE BEAU RÉVEIL

mière sur la boîte de cuivre ; ou de la pendule zélandaise où la lune apparaît à son heure et traverse lentement le cadran !.. Soyons simples..... »

Aimons « l’humble, modeste et simple vie quotidienne », disons « la joie des petites gens à leurs métiers, la gaîté de comprendre la vie en étant bon pêcheur, bon menuisier, (je ne dis pas bon pâtre et bon berger, car d’ores et déjà ceux-ci se trouvent catalogués parmi les « poétiques » ) — et qu’ici toute la Beauté et tout le Bonheur résident non en des attributs plus campagnards, plus agréables ou plus traditionnellement charmants, mais dans la simplicité et l’humilité joyeuse de la besogne »[1].

Sur cette page est répandue une douce sérénité, une joie tranquille comme en dégage une cellule de moine ou un visage de saint homme. La religion catholique est la patrie de la vraie joie. Parce qu’elle nous défend les joies mauvaises (qui ont d’ailleurs un arrière-goût si amer) les incroyants nous croient condamnés à la tristesse. Comme ils se trompent ! « Servite Domino in laetitia ! » dit le Psalmiste. « Annoncio vobis gaudium magnum » chantent les Anges de

  1. Cet original « art poétique » est de Thomas Braun, le meilleur des nombreux disciples que Jammes compte en Belgique. — Dans une conférence sur Charles Péguy (à Louvain, en 1921) Th. Braun insistait sur « l’amour de la paroisse et l’amour du métier » du poète du « Mystère de la charité de Jeanne d’Arc ». Jammes, lui aussi, sut trouver la poésie dans les humbles métiers (cfr. la jolie chanson du gendarme dans « Feuilles dans le vent » ) et les intérieurs miséreux, (cfr. Le Livre de St Joseph.) Il a publié dans la « Revue des Jeunes », de touchantes épitaphes pour le vigneron, le bûcheron, l’horloger, l’antiquaire, le financier, le facteur rural, le charpentier, etc…