Page:Camille Melloy - Le Beau Réveil, 1922.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50
LE BEAU RÉVEIL

Une braise d’azur dans le bluet réside,
Tombée de l’encensoir d’un séraphin splendide,


et les gerbes rangées à côté les unes des autres, « deviennent un peuple à genoux ». Un Jeudi-Saint, Victor Kinon compose son « Printemps violet », dont les nombreuses images sont chargées du souvenir de la Passion. « La terre en frémissant porte le deuil divin » et le poète retrouve dans la nature la croix, la lance, la sueur de sang, le « bruit creux du marteau sur les clous ».

Tout le roman poétique que Jammes a intitulé « Le Rosaire au Soleil » n’est qu’une application continue des quinze mystères du Rosaire à la vie, et de la vie aux mystères du Rosaire. Le même symbolisme chrétien se trouve abondamment appliqué dans « Les Saisons mystiques » de Georges Ramaeckers et dans le Cantique des Saisons, d’Armand Praviel. Et le symbolisme chrétien est supérieur, de toute la hauteur du ciel, à tout autre symbolisme.

D’une pareille conception du monde des âmes et du monde des choses, découlent comme de leur source d’autres sentiments, que nous voyons introduits ou réintroduits dans la poésie : l’humilité, la simplicité et la joie.

Nourris d’évangile, nos poètes comprennent l’humilité, la font entrer dans la poésie où elle avait rarement pénétré. Ils apprécient la beauté intérieure des actions quotidiennes, que divinise une intention surnaturelle :

Verlaine converti avait écrit dans Sagesse :


« La vie humble, aux travaux ennuyeux et faciles,
« Est une œuvre de choix qui veut beaucoup d’amour.