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LA POÉSIE CATHOLIQUE D’AUJOURD’HUI

Près de l’infirme et du vieux
Se tient quelqu’un qui voit Dieu.
Malheur à qui le scandalise !…[1]

Je n’en finirais pas si je voulais citer les poèmes en l’honneur des Saints et des Anges que l’on trouve dans cette espèce d’hymnaire enluminé, d’eucologe en vers, qu’est l’œuvre de nos poètes catholiques.

Voici découverte en même temps une mine nouvelle et très riche d’images. Car les choses visibles, d’après saint Paul, sont le reflet des choses invisibles. Foin donc désormais des symboles et des mythes païens, « qui ne sont rien, suivant le mot profond de Paul Claudel, que le vide laissé par l’absence de Dieu ». Les images pourront être dorénavant chrétiennes, voire liturgiques. Une rose rouge, qui éclot dans une haie, devient pour F. Jammes « l’image la plus adoucie d’une goutte de sang que le Christ a versée pour nous ». Une tombée de neige ressemble, pour É. Baumann, « à la descente illimitée des Hosties saintes sur les autels », des osiers rouges le « font songer aux verges de la Flagellation ». Pour Georges Virrès, le soleil est un ostensoir d’or, ruisselant de gloires eucharistiques. Hercule ou Alcyone et les constellations, P. Claudel les dit « pareilles à l’agrafe sur l’épaule d’un pontife et à de grands ornements chargés de pierres de diverses couleurs ». « Les pétales d’un rouge sombre » qu’à la procession les enfants de chœur lancent en l’air font penser F. Jammes « aux langues de feu » de la Pentecôte ; pour lui,

  1. Corona Benignitatis Anni Dei.