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LE BEAU RÉVEIL

aiment, ils combattent pour nous, et, bien qu’impassibles, s’inclinent vers notre misère, nous enlevant dans leurs bras miséricordieux. Si nous étions purs, fréquemment ils nous apparaîtraient, et Jacques de Voragine, au sujet de l’Annonciation, remarque avec profondeur que « Marie fut troublée des paroles de l’ange, et non de sa vision, car souvent elle voyait les anges. »

C’est ce que Paul Claudel a magnifiquement exprimé dans son « Hymne des saints Anges », qui est un très beau « poème théologique ».

Nul ne s’agenouille et ne prie,
Nul ne donne raison à Dieu,
Nul ne pleure et ne voit sa vie,
Nul avec un cri douloureux
Ne s’ouvre au Fils de Marie,
Sans que son âme ensevelie
Ne se pénètre peu à peu
De l’aimable compagnie
Des Anges délicieux :
Ô éclosion de l’Ami,
Du frère spirituel,
Du guide qui nous est choisi
Pour nous communiquer le Ciel !…

… C’est pourquoi que nul ne méprise,
À cause qu’il ne la voit pas,
Cette main que Dieu a commise
Pour tenir la nôtre ici-bas.
Nulle route n’est si raide
Qu’un Ange ne nous précède.