traditionnelles invocations à la Muse par une prière à l’Esprit Saint ou à la Vierge ; et à l’humble vie des braves gens qu’il décrit, comme aux scènes de la nature, il mêle les anges[1] et Dieu même. Et ceci n’est pas une fiction poétique, après tout, mais une réalité profonde[2]. En pratique, nous n’y songeons pas assez. C’est pourtant cela qui donne à la vie chrétienne son élévation. Il y a communion étroite de Dieu à nous, des anges à nous. « Le réalisme chrétien, dit Émile Baumann, sent vivre autour de nous Jésus, sa Mère, les Anges, les Bienheureux et les Bienheureuses, comme des frères et des sœurs glorieux, secourables à nos besoins, émus de notre amour, et même des pauvres honneurs où nous les célébrons. »
Et ailleurs :
« Les Anges nous voient dans le Verbe, ils nous
- ↑ Cfr. les « Géorgiques chrétiennes » (chant premier) :
Des anges moissonnaient à l’heure où bout la ruche,
On voyait sous un arbre et dans l’herbe leur cruche…
… De temps en temps l’un de ces anges touchait terre
Et buvait à la cruche une gorgée d’eau claire…
… Clarté fondue à la clarté, ces travailleurs
Récoltaient du froment la plus pure des fleurs.
Ils venaient visiter sur ce coin de la Terre
La beauté que Dieu donne à la vie ordinaire.
Et le « Rosaire au soleil » (passim) :
« Petit-Pierre était à genoux, pleurant. Et son ange gardien l’enveloppait de sa grande aile où étaient brodées de vraies étoiles. Et l’ange du père se tenait debout… »
… « Deux anges volaient dans les flocons au-dessus de la vieille maison dont le porche abritait les deux enfants. »
Ces gracieuses fictions ne valent-elles pas celles de la mythologie ? - ↑ « Plus souvent qu’on ne le croit en ce siècle impie, le Seigneur envoie sur terre ses anges pour dicter ou accomplir sa volonté » (Francis Jammes. Feuilles dans le Vent).