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LE BEAU RÉVEIL

peau de moutons entoure le Saint, et les innocentes bêtes semblent le comprendre, lui parler par leurs bêlements. Un gentilhomme lui ayant fait cadeau d’un faisan, il dit à l’oiseau : « Loue Dieu, frère faisan, viens avec moi » ; et à partir de ce moment l’animal reconnaissant ne le quitte plus. « Chante les louanges de Dieu, sœur Cigale », dit-il un jour à la musicienne des champs ; et la bestiole fait aussitôt tinter ses cymbales, jusqu’à ce qu’il lui ordonne de se taire. Il relève de terre les vers rencontrés dans son chemin, de peur que les passants ne les écrasent. À Bevagna, il prêche aux oiseaux et leur explique pourquoi ils sont obligés de louer et de bénir le Dieu qui les a créés et veille si bien sur eux ; après son naïf sermon, les oiseaux semblent lui répondre par leurs joyeux gazouillements. À Greccio, il se penche avec amour sur un nid de rouges-gorges qu’il appelle ses petits frères. À Sienne, il bâtit un nid aux tourterelles. Lorsqu’il quitte les montagnes de l’Alverne pour se rendre à la Portioncule où il devait mourir, il prend congé de ses confrères, mais aussi de toute la nature : « Adieu, sainte montagne, montagne des anges ! Adieu, frère faucon ! Merci de m’avoir réveillé tous les matins par tes cris ! Merci du soin que tu as pris de moi ! Adieu, rocher près duquel j’ai si souvent prié ! Je ne te reverrai jamais ! »

Que de joies lui avait données la nature pour qu’il se séparât d’elle avec tant de douleur[1] ! »

Comme chez saint François, nous trouvons chez nos lyriques catholiques la louange de tous les êtres,

  1. Mgr de Keppler. Vers la Joie.