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LE BEAU RÉVEIL


… Je porte un peu, dans ma poitrine,
De l’air qu’a respiré Jésus !… »

Bien plus, à la terre est échu l’insigne honneur de porter, à travers le temps et les espaces, l’Hostie Sainte, Verbe de Dieu ! — À la nature est échu l’insigne honneur de fournir la matière du divin Sacrifice : « Depuis le Soleil qui a fait mûrir le blé et le raisin, dit fort bien Charles Sauvé[1], jusqu’aux éléments de la nature inférieure qui, d’après les savants, sont là en grand nombre, entrant dans la composition très complexe du pain et du vin, la Création n’apporte-t-elle pas sa contribution à la matière du Très Saint Sacrement ? Attention délicate de la Providence ! Honneur immense pour la nature inférieure ! »

Ce que Paul Claudel exprime en deux de ces admirables vers synthétiques comme il en foisonne dans ses odes :

« Seigneur, Vous voyez cet Univers que vous nous avez donné à consommer :

Tout a passé, ciel et terre, en ce pain, pour me nourrir. »

Un poète selon le cœur de Dieu ne voudra-t-il pas partager la tendresse du Maître envers ses créatures ? Pourra-t-il n’aimer point le lys des champs, quand Jésus en a parlé à ses apôtres en des termes pleins de poésie et d’admiration attendrie ?

Aussi bien, nos poètes vouent-ils aux douces créatures une amitié quasi fraternelle, un mélange de tendresse et de respect, une familiarité candide.

  1. Charles Sauvé. Jésus intime. Méditations dogmatiques.