Page:Camille Melloy - Le Beau Réveil, 1922.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
LA POÉSIE CATHOLIQUE D’AUJOURD’HUI

gémit et enfante avec nous sa rédemption jusqu’à ce que le Fils de Dieu la consomme, quand la plénitude des temps sera venue[1]. »

Cette philosophie chrétienne de la nature, si profonde et si consolante, est toute entière dans un passage de l’épître de saint Paul aux Romains[2].

Vue sous cet angle surnaturel, la nature devient pour le poète une source de joies pures.

Il est dit dans la Genèse que Dieu, ayant tiré les divers êtres du néant, les trouva fort bons : « Et erant valde bona. » Sans doute, je le répète, le péché d’Adam a fait perdre à la nature sa splendeur édénique ; mais par la bonté de Dieu qui s’est répandue sur elle comme sur nous, elle est encore si ravissante !

Et puis, n’est-elle pas ennoblie d’avoir porté le berceau du Sauveur, d’avoir été frôlée par la longue robe blanche du Messie[3], d’avoir reçu l’empreinte de ses pieds sacrés, d’avoir porté le repos de son corps exténué par les courses évangéliques, d’avoir bu la sueur sanglante de son agonie ? Une étoile a brillé sur sa naissance ; les rochers se sont émus à sa mort. Les maladies ont fui à son geste ; la tempête s’est calmée à sa voix. Il a marché à la lumière du même soleil qui nous éclaire ; il a respiré l’air que nous respirons.

Aussi le délicat poète Adrien Mithouard chantait-il avec raison :

 « Je vénère, étant catholique,
Le souffle d’air de mes poumons : …

  1. Ibid.
  2. Rom. viii, 22.
  3. Voir : Paul Bonté : Méditations sur la Beauté du Monde (Poèmes).