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LE BEAU RÉVEIL

pour un usage, oubliant ceci de pur : qu’elles soient. » « La création de Dieu, lisons-nous dans le Réveil de l’Esprit, a une grandeur qui dépasse notre entendement ; il ne faut pas nous lasser de la contempler avec une piété attentive et respectueuse, nous souvenant que tout dans le plan divin a sa place et son rôle, depuis le séraphin jusqu’à l’atome, que toute créature enfin reflète la Face éternelle par le fait qu’elle existe et que nul détail n’est négligeable, car Dieu, est-il dit dans l’Évangile, sait le compte des cheveux de notre tête et des plumes du passereau. »

— Comme les trois jeunes gens dans la fournaise, le poète invite toutes les créatures à louer avec lui leur Créateur, qui les a faites pour soi-même, mais aussi pour l’homme. Seul doué de parole, l’homme est l’interprète qui doit traduire leurs louanges muettes. « Qu’il se tienne debout sur la terre, dit Claudel, comme un prêtre auprès de la table des offrandes ! » Oui, comme à la « collecte » de la messe, le prêtre présente à Dieu les prières de tous les fidèles unies aux siennes, le poète offre au Créateur l’hommage de la création entière.

« Je voue loue, Seigneur, chante un autre poète, de nous avoir révélé le sens de la terre et de nous avoir créés fraternels à toutes les créatures, si bien que par ma bouche c’est tout l’univers visible qui Vous loue dans sa poussière et dans sa gloire[1]. »

— Le sort de la terre est lié au nôtre. Elle porte avec nous le poids de malédiction du péché originel, mais avec nous elle participera à la rédemption, « La création entière est tombée de sa gloire avec Adam ; elle

  1. R. Vallery-Radot : le Réveil de l’Esprit.