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LA POÉSIE CATHOLIQUE D’AUJOURD’HUI

nous le verrons plus loin, sur tous les naturistes chrétiens d’aujourd’hui ; et la Légende Dorée de Jacques de Voragine a délicieusement inspiré le très délicat poète qu’est Pierre Nothomb.

On pourrait ajouter à toutes ces influences celles des peintres primitifs flamands ou florentins[1], qui ont laissé une expression très pure d’un idéal chrétien très élevé.

C’est à l’école de ces classiques d’un nouveau genre que se sont formés l’idéal artistique et les doctrines littéraires des Écrivains du Renouveau.

Quant à la forme, ils n’ont pas de doctrine commune. Beaucoup ont subi l’influence littéraire de Paul Verlaine et des symbolistes. La plupart ont essayé du vers libre. Tel est revenu au vers parnassien, frappé comme une médaille ; tel autre préfère l’alexandrin libéré — plus souple — ou l’alexandrin familier — plus naturel — ; en Belgique, Elskamp toujours et Kinon quelquefois ont imité avec beaucoup de bonheur les rythmes populaires ; il en est qui se servent très adroitement du vers polymorphe ou libre, tandis que, au-dessus de toutes les Écoles, Claudel et Péguy se sont forgé pour leur pensée impétueuse une forme toute personnelle, le premier moulant dans une sorte de « versets » ses périodes au nombre savant, le second atteignant ses plus beaux effets dans une prose fortement rythmée et comme martelée.

Qu’importe, après tout, cette dissemblance de formes adoptées ? Toutes peuvent servir à exprimer le même

  1. Notamment sur P. Nothomb, V. Kinon, O.-G. Destrée, R. Salomé.