Page:Camille Melloy - Le Beau Réveil, 1922.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
LE BEAU RÉVEIL

sont aussi les sources de leur inspiration poétique. La Bible et surtout l’Évangile, la théologie de l’Église romaine, son admirable liturgie, les œuvres des grands mystiques, la Vie des Saints les ont nourris de la moëlle du christianisme, inspirent ou soutiennent leur essor lyrique, guident leur éloquence, excitent l’ardeur de leur verbe. Paul Claudel possède à merveille l’Écriture sainte et l’utilise fréquemment, fond et forme ; l’influence de saint Thomas d’Aquin est visible chez lui, et aussi chez Robert Valléry-Radot, Victor Kinon, et plusieurs autres. Sous le titre de « Corona Benignitatis Anni Dei », Claudel nous a donné un recueil de poèmes liturgiques qui est comme « un bréviaire historié de poésie, un missel enluminé, une « Année liturgique » en couleurs »[1]. La poésie liturgique en langue vivante est d’ailleurs un genre nouveau créé par nos poètes modernes. Verlaine l’avait essayé, mais sans succès, dans ses « Liturgies intimes », et un maître trop peu connu, le flamand Guido Gezelle[2] (qui n’est pas seulement un poète régionaliste, mais un grand poète universel) a donné dans « Rijmsnoer »[3] et « Tijdkrans »[4] des modèles achevés de poésie liturgique. Les fêtes de Dieu et des Saints sont célébrées, et autrement que pour leur pittoresque, dans les poèmes de Jammes et de Le Cardonnel.

L’influence de Saint François d’Assise est sensible,

  1. J. de Tonquédec : P. Claudel.
  2. Voir plus loin une étude sur ce grand lyrique catholique, dont l’œuvre devrait être traduite dans toutes les langues, et que Dom Bruno Destrée et Charles Grolleau ont révélé au public français.
  3. Collier de Rimes.
  4. Guirlande du Temps.