Page:Camille Melloy - Le Beau Réveil, 1922.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
31
LA POÉSIE CATHOLIQUE D’AUJOURD’HUI

célèbres, exclu de la poésie les mystères chrétiens comme « trop terribles » ? Ce schisme entre l’idéal artistique et la vie religieuse intime, nos auteurs catholiques veulent y mettre fin. Du moment que l’on admet que l’art est autre chose qu’un « gay-sçavoir », un délassement superficiel, — et qui ne l’admettrait pas ? — conçoit-on qu’un chrétien fidèle produise une œuvre païenne qui contredit ses convictions intimes ? Notre art doit plonger ses racines dans notre âme, puiser dans notre sang et notre vie sa sève et sa vie. La vraie poésie n’est pas un rêve ou une illusion ; elle est la fleur de la vie et le rayonnement de la vérité. Pulchrum splendor veri.

Ainsi donc, les écrivains du renouveau, qui sont catholiques de vie et de pensée, le sont aussi, et toujours, dans leur art, même quand ils ne traitent pas des sujets religieux. « Ils informent de christianisme tout ce qu’ils écrivent, et leur métier s’exalte à la source intérieure de leur foi »[1].

« Ils ne sont pas du tout apologistes, écrit un des meilleurs guides du mouvement, Georges Dumesnil ; ils n’ont pas l’intention de prouver le catholicisme ; ils n’appliquent pas à du catholicisme la littérature ; mais la substance même de leurs œuvres, qui veulent être des œuvres d’art, est toute catholique, elles l’avouent par toutes leurs branches, elles l’épanouissent par toutes leurs feuilles, elles la suent par toutes leurs fleurs et leurs parfums ; sans le catholicisme elles ne seraient pas. »

C’est dire que les sources de leur vie catholique

  1. R. Valléry-Radot : André Lafon : dans Les « Cahiers de l’Amitié de France ».