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LE RENOUVEAU CATHOLIQUE

en reconnaissant, avec une belle impartialité, le talent où qu’ils le rencontrassent, surent exiger pour les belles œuvres catholiques l’honneur qui leur revenait. C’est ainsi que d’illustres convertis, dont on suspectait ailleurs la sincérité, reçurent en Belgique meilleur accueil qu’en leur patrie.

Menée par ces deux chefs, toute une armée marchait à la conquête, et son mot d’ordre était : Ne crains — fors Dieu ! À côté de l’illustre historien Godefroid Kurth, du vaillant polémiste Guillaume Verspeyen, des romanciers et des essayistes s’affirmaient écrivains de race et chrétiens sans peur ni reproche : Henry Carton de Wiart, Georges Virrès, Fierens-Gevaert, Prosper de Haulleville, Edmond de Bruyn, Arnold Goffîn ; — et des poètes entonnaient un chant où se retrouvaient la foi profonde de leur peuple et son amour de la couleur : Dom Bruno Destrée, l’esthète venu à Dieu par le chemin fleuri de l’Art et qui enferma son rêve pur en de petits poèmes en prose ciselés comme des ciboires précieux ; Georges Ramaeckers, le fougueux défenseur de « l’Art pour Dieu », qui voit écrite au firmament et sur la terre la parole divine ; l’abbé Hector Hoornaert, le somptueux sonnettiste, devenu le poète mystique de l’ « Heure de l’Âme » ; Victor Kinon, qui rima les jolies chansons pieuses du Petit Pèlerin de Notre-Dame de Montaigu et communia avec tant de tendresse à l’Âme des Saisons ; Thomas Braun, le poète simple qui dit le charme de ses Ardennes natales. Des jeunes apportent à cette littérature déjà forte de très belles promesses : Pierre Nothomb salue avec amour Notre-Dame du Matin ; Noël Dubois chante l’Âme en état de grâce et, devenu soldat, confie ses craintes et ses es-