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LE BEAU RÉVEIL

cinq ans que les revues jeunes catholiques, en notre pays, mènent le combat pour les idées défendues par Agathon, par Robert Vallery-Radot, par Jammes et par Claudel ; et, dès le début, notre littérature catholique fut riche en œuvres où l’Art apparaît comme le visage de notre Foi.

« Il importe peu à ces initiateurs que leur nom soit aujourd’hui oublié ; leur jeunesse cultiva, pour sa beauté propre, un rêve si indifférent aux contingences ! mais ils revendiquent hautement, pour leur patrie et pour les catholiques Belges, l’honneur d’avoir ouvert la voie où l’Art devait rejoindre la Foi ! »

Il serait injuste, assurément, de passer sous silence, dans un aperçu sur les progrès de la pensée catholique dans les lettres modernes, les magnifiques combats qui se livrèrent pour elle en Belgique à une époque où la France en était encore à s’enivrer des élixirs raffinés de Renan ou de l’absinthe vulgaire de Zola. Les grandes voix isolées de Hello, de Bloy, de Barbey d’Aurevilly, de Verlaine, furent d’abord écoutées par une poignée d’artistes croyants qui, dans la « Jeune Belgique », travaillaient, aux côtés de confrères indifférents ou incrédules, à doter leur patrie d’une littérature forte et originale. Ils osèrent revendiquer pour l’écrivain catholique le droit de ne point séparer sa vie d’avec son art, ce qui amena d’ailleurs une bonne bataille dont ils sortirent vainqueurs. Ils eurent bientôt leurs revues : à côté du « Magasin littéraire » ils créèrent le « Drapeau », « Durendal », la « Lutte », le « Spectateur catholique ». Ils avaient le talent, la vaillance et l’espérance nécessaires à leur triomphe. Deux critiques de tout premier ordre, Eugène Gilbert, délicat et précis, et Firmin Van den Bosch, brillant et batailleur, tout