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LE RENOUVEAU CATHOLIQUE

soin de faire du catholicisme ex professo : il nous suffira de parler et de vivre ; nous suerons le catholicisme par tous les pores ; nous n’aurons pas à chercher une formule d’art chrétien ; notre art sera naturellement chrétien. »

Ces textes ne demandent point de commentaires.

Il y a actuellement, en France, une littérature catholique très forte[1]. Allons-nous prétendre qu’elle soit toute la littérature présente ? Eh que non ! N’exagérons rien. Le mouvement n’est pas unanime. Les Muses païennes ne sont point mortes. De prestigieux artistes, Maurice Maeterlinck et Romain Rolland, la Comtesse de Noailles et d’autres continuent à verser à l’intelligence et à la sensibilité françaises leur élixir qui enivre et qui tue.

Mais quelle École littéraire peut nommer des chefs aussi incontestablement supérieurs qu’Émile Baumann, Paul Claudel, Francis Jammes, Louis Le Cardonnel, Charles Péguy ! Qui nous opposera un groupe pareil à celui qui se serre autour de ces maîtres ? Quel mouvement de réaction et de rénovation a produit, en si peu d’années, tant de chefs-d’œuvre, ou tout au moins tant d’œuvres marquantes et probablement immortelles ?

C’est par les œuvres qu’une école s’impose, et dure.

  1. « De fait, à un certain moment, qui fut la grande époque du symbolisme, toute substance chrétienne semblait s’être à ce point évaporée du domaine de la pensée et de l’art que l’y introduire de nouveau présentait toutes les allures d’une gageure et tous les risques d’une folle aventure.
    La gageure est tentée cependant, l’aventure courue. Il existe une esthétique, fondée par des artistes catholiques, et elle produit de plus en plus. » (Gaëtan Bernoville. Minerve ou Belphégor ? )