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LE BEAU RÉVEIL

gent pas les réalités surnaturelles. Dans le roman ils apportent, crânement, la morale chrétienne, et nullement atténuée. Leur œuvre veut être bienfaisante. Ils savent que l’écrivain a une mission et des responsabilités. À l’art pour l’art ils opposent l’Art pour Dieu !

Avec l’éminent philosophe converti Georges Dumesnil, Robert Vallery-Radot, qui s’est fait le « théoricien » de l’École et qui, je crois bien, sera bientôt un de nos plus pénétrants critiques, fonda en 1911 les « Cahiers de l’Amitié de France » qui devint l’organe du groupe catholique.

Avec les « Cahiers » de Péguy, le « Bulletin » de Lotte, la « Revue de la Jeunesse », — et à côté des « Études » et du « Correspondant » déjà chevronnés pour longues années de service, — les « Cahiers de l’Amitié de France » exprimèrent l’activité littéraire catholique, jusqu’à ce que, cessant de paraître par suite des circonstances de la guerre, ils léguèrent à la « Revue des Jeunes » leur programme et leur esprit[1]. Je prévois une objection : « Il y a lieu de se défier, pourriez-vous me dire, de ces manifestations littéraires : le romantisme, avant de sombrer dans les pires excès, fut, à ses débuts, catholique lui aussi. »

Ne comparons pas, je vous prie, la religiosité vague de Lamartine, le catholicisme de décor des premières œuvres romantiques, avec cette littérature-ci, qui est

  1. Signalons encore les « Lettres », revue mensuelle (dirigée par Gaëtan Bernoville) ; les « Cahiers catholiques », bi-mensuels (fondés par Jacques Debout) ; et la « Nouvelle Journée », revue mensuelle (secrétaire de rédaction : Paul Archambault) ; et en Belgique, à côté de la vénérable « Revue Générale : — la « Terre Wallonne », régionaliste et catholique ; la « Jeunesse Nouvelle », et surtout la « Revue catholique des Idées et des Faits » (hebdomadaire).