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LA LITTÉRATURE ET LA GUERRE

héros. Mon but n’est point de détourner vos regards de l’horizon chargé d’orages : — de l’horizon social, économique, politique et moral. Demain pourrait être pire qu’aujourd’hui. Mais ce qu’on n’y verra plus, espérons-le du moins, c’est cet abaissement du cœur, ce sommeil de la conscience, où a langui le xixe siècle, qui n’avait l’illusion de vivre en plein jour que parce qu’il éclairait sa nuit épaisse par les ampoules électriques de la science divinisée et en substituait le fatigant et morne éclat à la gloire vivante et vivifiante du soleil véritable. La nuit sera moins universelle si les grandes réalités — Patrie — Famille — Église — Raison — Foi — reprennent pour nous tout leur sens.

Le bon combat, amis lecteurs, bat son plein ! Mais nous ne pouvons pas nous contenter d’observer et d’applaudir, du haut d’un lointain belvédère, la progression victorieuse des vagues d’assaut. Ce serait une façon d’être des embusqués. Nous devons nous mêler à la bataille, travailler, selon nos moyens, à la victoire.

L’or des bons Français, a-t-on dit, a aidé les armes à gagner la guerre.

La littérature de bas étage n’aurait pas la vie si tenace si elle ne trouvait pas tant de lecteurs pour la soutenir de leurs sous crasseux. La littérature spiritualiste ferait de plus rapides progrès s’il y avait assez d’intellectuels honnêtes pour acheter les livres splendides qu’elle offre par brassées. Quand notre jeunesse sera plus unanime à mépriser les mets grossiers, plus unanime à demander ses joies à la saine littérature, nous pourrons saluer une période sans égale, un second âge d’or. Ce sera un nouveau triomphe de l’Idéal sur la Matière ; ce sera la « Revanche de l’Esprit. »