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LE BEAU RÉVEIL

3o Leurs adhérents travaillent, étudient, se nourrissent non plus de chimères et de mots, mais de réalités et de vérités.

Ce sont là, n’est-ce pas, des garanties de durée.

Quand on voyage en rapide, les paysages se brouillent à la portière ; c’est un film qui se déroule trop vite et dont la trépidation fatigue ; et l’on en garde peu d’images claires. C’est ainsi qu’il faut juger cette esquisse. Des noms d’écrivains, de livres, de revues, de groupements, d’écoles, ont lui un instant ; des échappées de vue sont apparues une seconde ; et ceux-là qui ne les connaissaient pas déjà en auront gardé une image bien confuse. C’était fatal.

Cependant, le rapide a ralenti trois fois : en trois sites notamment qu’il fallait que nous admirions coûte que coûte, les plus beaux et les plus intéressants de notre voyage au pays des lettres d’aujourd’hui. Et n’eussions-nous gardé de notre voyage que ces images-là, nous n’aurions pas fait chemin inutile. Elles composent le visage essentiel de notre époque. Elles représentent l’élément vital, les forces qui montent, le jour qui se lève, — alors que tout le reste, c’est de la vie qui s’éteint, ou qui végète, ou qui s’efforce vainement de durer.

La Vérité passe comme un grand vent, qui éteint tous les feux-follets sans consistance et excite les grands brasiers destinés à éclairer notre siècle.

Jugement optimiste, n’est-ce pas ? Toute médaille a son revers. J’ai regardé le beau côté, celui où est marqué le prix et l’effîgie, le prix du sang, l’effigie de nos