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LA LITTÉRATURE ET LA GUERRE

suivant l’énergique formule de saint Thomas, est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes. »

Voilà leurs principes ; et en voici les fruits : ce sont, outre la vie modèle, et les œuvres de moralisation, de perfectionnement professionnel, etc., des foisons de livres admirables, qui témoignent en faveur du génie vivifié par la foi, et de nombreuses revues d’une haute tenue littéraire, qui attestent la vigueur et l’extraordinaire vitalité de leur groupe. Au point de vue simplement artistique, leur œuvre n’est pas moins salutaire : elle a donné la juste formule du réalisme vrai, enseigné le sens et l’utilisation parfaite du symbolisme, rafraîchi et enrichi l’inspiration lyrique par le sentiment religieux et l’amour chrétien de la nature ; réintroduit dans les lettres la simplicité, la pureté et l’humilité, enrichi le domaine du roman de tous les problèmes du surnaturel et de la grâce.

Voilà les trois fleuves salubres qui pourraient nettoyer les modernes écuries d’Augias.

Qu’est-ce qui permet de croire que ces courants-là sont plus profonds et plus étendus que les autres, et non pas simplement des modes passagères, ou des « faux départs », comme le mouvement de ces néochrétiens sans dogme qui provoqua quelques espoirs sans fondement vers 1890 ?

C’est que : 1o ces trois mouvements se tiennent à quelque chose. Ils veulent construire sur le roc d’une doctrine qui a fait ses preuves et dont la Guerre a précisément démontré la solidité.

2o Ils se réclament d’ancêtres sérieux ; ils ont des chefs et des guides, qui sont à la fois des cerveaux et des volontés.