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LE BEAU RÉVEIL

« Eh ! quel temps fut jamais plus fertile en miracles ?

« L’Esprit nouveau qui anime les lettres françaises, dit Robert Vallery-Radot, c’est l’esprit catholique, qui s’affirme de plus en plus, et partout, sur toutes les hauteurs où l’intelligence humaine, poursuivie par le déluge d’une société sans ordre et sans mœurs, se réfugie et tente de rallumer le feu sacré. » Et il ne s’agit point ici d’un christianisme littéraire, d’un « catholicisme en toc », comme celui du premier romantisme, mais de la foi la plus avertie et la plus nourrie de doctrine, la plus vivante et la plus vécue ; entretenue par la liturgie, les œuvres de miséricorde, la méditation, la communion quotidienne, l’étude de la Bible et des Pères. « La vie religieuse, écrit Victor Bucaille, c’est la vie intérieure où Dieu est au plus profond de notre âme par sa présence personnelle et créatrice. Quand les jeunes parlent de vie mystique, ils l’entendent d’une vie qui ait à sa base le sens aigu du mystère divin, l’objet même de la foi, d’une contemplation qui ne se suffise pas à elle-même, mais qui s’épanouisse en action. Ils sont loin des romantiques qui s’immobilisaient voluptueusement dans leurs rêves, et se refusaient à agir ; — plus loin encore des dilettantes sceptiques qui employaient la vérité au jeu de leurs pensées dissolvantes. Nous nous refusons à rêver ; nous voulons vivre, et sous l’irradiation d’une doctrine religieuse à laquelle un excès d’abstraction et d’analyse n’a fait subir aucune mutilation, donner toute leur mesure à nos puissances d’action. Notre évolution créatrice n’est pas celle d’un Bergson, c’est l’évolution d’une vie où, de toute notre âme, nous collaborons avec le Créateur qui vit en nous et qui,