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LE RENOUVEAU CATHOLIQUE

incontestés de la Poésie catholique, s’imposent de plus en plus à l’admiration des lettrés ; et s’ils n’ont pas conquis la foule, c’est que, à la vérité, leur art lui est inaccessible, à cause d’une originalité parfois déconcertante. Autour de ces chefs, le nombre grossit chaque jour, de jeunes écrivains qui veulent « que leur art soit le visage de leur foi ». Non qu’ils choisissent nécessairement des sujets religieux[1], mais leur vie étant pleinement catholique, leur art, qui en est l’expression, est catholique par le fait même. Ils ne négli-

    Jeanne d’Arc », qui devait comprendre une douzaine de volumes, il n’a pu donner que les trois premiers. — Le mysticisme de Péguy est le rude mysticisme populaire du « Moyen Âge énorme et délicat ». Et son œuvre de foi ardente peut se comparer à une de ces étonnantes cathédrales gothiques qu’il aimait tant et qui contiennent toute l’âme des siècles dont elles sont issues. Elle en rappelle les scènes bibliques sculptées sur les tympans ou les retables, les gargouilles grimaçantes, les anges immobiles de serein bonheur, les saints à l’attitude hiératique, et l’ombre mystérieuse et recueillie où éclatent soudain la splendeur rutilante d’un vitrail ou les gloires multiples d’une rosace.

  1. « Les sujets d’église, les thèmes fournis par l’Écriture sainte, l’hagiographie ou la liturgie ne sont pas les seuls catholiques… Ce serait une erreur de s’y restreindre, comme de les éliminer… Ces thèmes-là, certes, sont parmi les plus beaux ; je n’en connais pas qui les dépassent en pathétique. Mais ils ne sont pas les seuls catholiques. Les sujets catholiques sont ceux qui intéressent la société tout entière par ses parties hautes…
    … Il n’est, pour l’artiste chrétien, que d’aller à travers le monde et d’y reconnaître, partout où elle s’y rencontre, l’œuvre de Dieu…
    … On peut ne nommer aucun saint, n’user d’aucun des motifs fournis par l’histoire de l’Église, d’aucune des expressions de la terminologie ecclésiastique, et cependant faire un chef-d’œuvre puissamment, magnifiquement chrétien. »
     (Gaëtan Bernoville. Minerve ou Belphégor, passim).