Page:Camille Melloy - Le Beau Réveil, 1922.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
236
LE BEAU RÉVEIL

tranquille qui reflète l’azur dans son calme, ce fleuve aux trois bras du retour à la saine tradition :
retour à la discipline nationale
retour à la discipline classique
retour à la discipline catholique.

Cette réaction, provoquée par les excès mêmes de l’anarchie sociale, intellectuelle et morale, se présente comme un vaste renouveau, un assainissement de la pensée et de la sensibilité, une reviviscence de toutes les bonnes énergies antiques de la race.

La Débâcle de 1870 avait trouvé tout apprêté en France, par les misérables théories des prophètes du jour, nourrissons des philosophies made in Germany, le terrain favorable à la culture de l’abdication lâche, de l’oubli imprudent, de l’internationalisme naïf. On bafouait la patrie : était-il encore une chose sacrée qu’on ne bafouât point en ces tristes années 80 ? Zola glorifiait la chair qui a corrompu sa voie, et Renan, cet agent boche costumé en Pétrone, affaiblissait sa patrie en tuant son esprit, en la faisant douter de Dieu et d’elle-même. « C’est de l’Allemagne, avouait-il, que je tiens ce qui m’est le plus cher : ma philosophie », et il osa dire un jour à Paul Déroulède : « La France se meurt, jeune homme ; ne troublez pas son agonie ! »

La patrie donc, et l’armée conséquemment, reçurent leur part d’injures. On prêchait la désertion. Sciemment ou non, on vendait la France à vil prix. L’affaire Dreyfus déclencha une triste bataille où en face du camp des patriotes se dressa celui des ennemis, conscients ou inconscients, des intérêts de la Patrie.

Quelques hommes, prophètes raillés d’abord, osèrent élever la voix. Déroulède prêchait inlassablement la