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LE BEAU RÉVEIL

« Réveil de l’Esprit » de Vallery-Radot, nous mènent au royaume de la mort pour y réfléchir sur les moyens d’utiliser mieux désormais les trésors de la vie.

Dans ces livres-là, ce qui nous frappe, c’est la haine du convenu, de l’hypocrisie littéraire, du chimérique, du faux ; c’est le goût du réel, de la franchise, de la simplicité ; c’est la soumission aussi à la grande Loi de la purification par la souffrance. Et je m’étonne, et je regrette que, parmi tant de livres conçus dans les affres des batailles lentes, il y en ait si peu relativement qui rendent ce son-là.

En tout cas, si tous n’ont pas compris, tous auraient du moins pu comprendre, et la guerre a fait voir à tous : l’urgence de renoncer aux chimères dangereuses ; l’inanité de la science qui prétend supprimer l’au-delà, veut se suffire à elle-même et suffire au bonheur de l’humanité ; le danger du dilettantisme sceptique qui épuise et rend stérile ; la nécessité enfin d’une discipline, tant sociale qu’individuelle, — et tant intellectuelle que morale.

Ces idées, qui n’étaient point neuves, mais auxquelles les événements ont apporté un argument d’expérience, on les trouve explicitement ou implicitement dans ce qui fut écrit de meilleur depuis 1914.

Le monde est sorti de la guerre profondément bouleversé. La commotion nerveuse qu’il a reçue laissera longtemps des traces. Les plus sages, ceux qui ont osé voir et comprendre, en sont sortis assagis et mûris. « Ceux pour qui la guerre exista, qui en prévoient les suites, ne peuvent plus désormais arrêter sur le monde les yeux d’auparavant »[1]. Les autres, qui n’ont

  1. Émile Baumann.