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LE BEAU RÉVEIL


Plus jeune que la jeunesse,
Il nous nourrit à la Messe.

Et voici à l’horizon
Une génération.

Elle sait où est la Force,
Et elle fend son écorce.

Et elle éclate de fleurs,
Et revient à vous, Seigneur !

Elle revient, les yeux droits
Et fixes sur votre Croix !

Car vous êtes, on le sait,
Vous êtes Celui qui est.

Elle a vaincu son orgueil :
Et déjà voici le seuil !

Claudel, Jammes, Péguy[1], qui sont les maîtres

  1. Voir plus loin une étude sur Claudel et une autre sur Jammes. Quant à Péguy, qui mourut au champ d’honneur le 5 septembre 1914, il était le « maître » dont la pensée forte et la parole ardente entraînaient toute une jeunesse assoiffée d’idéal. Ancien socialiste et « dreyfusard », Charles Péguy, converti en 1908, mettait au service de sa foi retrouvée un talent vigoureux et audacieux de polémiste, un zèle fervent d’apôtre. Talent original d’ailleurs, et souvent bizarre. Sa verve est abondante, débordante ; son invention verbale inépuisable. C’est de l’intempérance parfois. Des périodes se soutiennent pendant des centaines d’alexandrins. En sa prose haletante, comme en ses vers, les idées sont reprises, retournées ; les images se heurtent, se poussent, se répandent, comme des flots ; elles sont tantôt familières, presque triviales, tantôt élevées ; le grotesque souvent coudoie le sublime. S’il eût pu vivre, son œuvre fût devenue colossale, monumentale. De son « Mystère de