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LE BEAU RÉVEIL

gouffre qui se creuse entre les classes, c’est à vous surtout de le combler. Il y a encore trop de jeunes gens catholiques, très bons du reste, qui ne songent pas à leur responsabilité sociale. Et je ne parle point de ceux-là, méprisables, dont l’horizon est borné par le filet d’un goal de football ou l’écran du cinéma, mais de ceux-là même qui aiment l’étude et se plaisent au travail sérieux. Il en est qui ne manquent point d’éloquence. Cela n’est pas inutile d’ailleurs. J’approuve, par exemple, qu’on exalte en termes enflammés la Patrie. Mais encore faudrait-il qu’on travaille à son relèvement autrement que par des phrases !

Ce serait si beau, si l’on pouvait voir sortir — des tours d’ivoire qui blanchoient, élégantes, sur les hauteurs sereines de la science ou dans les vallées ombreuses de l’Art, — les Chevaliers de l’Idée, armés et signés pour une nouvelle croisade, — intellectuelle et morale ! Quel renouveau ce serait, de jeunesse, d’enthousiasme, de clarté joyeuse, — en attendant que ce soit un renouveau de vigueur et de puissance !

Ah ! il faut bien que nous ignorions nos forces latentes, pour demeurer couchés sur les tapis luxueux d’un mol dilettantisme, à l’heure où dans la gloire du soleil levant sonnent les buccins du combat ! Serait-ce que la jeunesse d’aujourd’hui est anémiée au point de ne plus pouvoir soulever le glaive ?

À l’assaut donc, les Jeunes ! Regardez les capitaines qui nous commandent : suivons-les ! Nous, les « survivants », complétons l’œuvre des Morts !…

Afin que pas une goutte de leur sang ne soit perdue…