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LE BEAU RÉVEIL

tiens, nous ne ferons point de tort à l’Art en le tournant vers Dieu.

Quand l’homme adore l’œuvre de ses mains, c’est soi-même qu’il adore, et l’Art pour l’Art, c’est l’Art pour soi.

La beauté sera-t-elle moins connue et moins aimée, quand on nous l’aura fait voir à la lumière de Dieu ?

Quelle absurdité pour un œil de vouloir posséder les couleurs sans le soleil qui les cause, et pour une âme de vouloir étreindre les apparences sans la réalité sans quoi elles ne seraient point !

Nous restituons, par l’œuvre d’art, le rayon au foyer, l’étincelle à la flamme… Rendez à Dieu ce qui est à Dieu.

L’encensoir, nous le voulons d’or et gemmé, — mais nous ne l’offrons point vide.

Cette œuvre née de notre intelligence et de notre cœur, nous l’aimons presque autant que nous-mêmes ; elle est notre joie et notre richesse ; nous sommes fiers de l’offrir aux hommes, — heureux de l’offrir au Seigneur.

Car nous aimons l’art : pour Dieu. Parce que, si nous aimons les beautés visibles et invisibles, c’est Dieu que nous aimons à travers elles.

… Ainsi le diacre, en passant au prêtre la patène ou le calice, baise l’objet qu’il offre et la main qui le reçoit.