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L’ART POUR DIEU


C’est la formule qu’un poète catholique belge, Georges Ramaeckers, osa opposer à la sacrosainte formule de l’Art pour l’Art ; la devise dont il arma sa vaillante petite revue au titre provocant : « La Lutte ».

L’Art pour Dieu ! — beau cri de guerre, quand on part en croisade contre la pornographie, ou simplement contre le dilettantisme ; loi splendide pour l’écrivain qui, connaissant le principe de toute beauté créée, en connaît la fin !

Dieu nous ouvre son vaste Univers comme un album plein de jolies images ; nous jubilons, ravis comme des enfants, et nous remercions notre Père qui est dans les Cieux. Quoi de plus naturel ?

Dieu crée l’univers pour sa gloire ; tous les êtres existent pour lui ; nous qu’il a doués d’intelligence, nous reconnaissons sur tous ces êtres la trace de leur Auteur ; remontant d’un reflet de beauté à la Beauté essentielle, nous louons librement dans le signe Ce qu’il révèle, dans l’effet la Cause. Quoi de plus équitable ?

L’Art, pour nous, est infiniment plus qu’un passe-temps, c’est un rite ; infiniment plus qu’un bibelot, c’est un ostensoir ; infiniment plus qu’une chanson, c’est un témoignage. Nous aurons pour lui d’autant plus de respect, que nous le destinons à un usage su-