Page:Camille Melloy - Le Beau Réveil, 1922.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
LE RENOUVEAU CATHOLIQUE

Au XIXe siècle, Joseph Serre pouvait écrire avec quelque raison : « Il suffit d’être catholique pour être un méconnu. » Aujourd’hui il ne le pourrait plus. Le Catholicisme s’impose au respect ou à la sympathie. N’est-il pas significatif, par exemple, que la Collection Nelson, qui édite surtout des romans célèbres de valeur morale très différente, ose présenter à son public mondain et lancer à des milliers d’exemplaires « l’Introduction à la Vie dévote » de saint François de Sales ; et la Collection Gallia « l’Imitation de Jésus-Christ » ? Les mystiques d’ailleurs sont à la mode. Toute une littérature s’est développée en ces dernières années autour de la séraphique figure de saint François d’Assise : catholiques et protestants se sont passionnés pour le Poverello : il suffira de mentionner les remarquables travaux du converti Johannès Jœrgensen et du protestant Paul Sabatier. Voici qu’on commente ou qu’on traduit les œuvres mystiques de Ruysbroeck l’Admirable, de sainte Catherine de Sienne, d’Angèle de Foligno, de Tauler, de sainte Thérèse, de saint Bernard.

Tous ces faits prouvent à l’évidence que si, victimes de l’école sans Dieu, les foules vivent éloignées de la Sainte Église, l’élite au contraire y revient. Au XVIIIe siècle, le scepticisme et l’incrédulité, avant de contaminer les masses, avaient fait leurs ravages dans la classe dirigeante, où les Encyclopédistes donnaient le ton. Nous pouvons espérer que le mouvement de retour auquel nous applaudissons, parti d’en haut, pourra un jour atteindre aussi le peuple, plus ignorant peut-être que coupable. Les œuvres de la nouvelle École catholique élargissent, dès à présent, l’influence de